Coordonné par : T. Khalfallah, T. H. Benchekroun
L’industrialisation de pays émergents est un facteur de développement économique pour ces derniers, mais s’accompagne probablement aussi d’effets néfastes sur la santé des opérateurs.
L’anthropotechnologie, fondée par Wisner (1984), témoigne des difficultés rencontrées lors des transferts de technologie de pays développés vers des pays en voie de développement.
Wisner indique que les échecs de ces transferts portent sur trois niveaux : la santé des opérateurs, la production et le plan financier.
Les Troubles Musculo-squelettiques (TMS) liés au travail constituent une épidémie universelle et un problème de santé au travail et de santé publique. Ces affections occupent la première place des maladies professionnelles reconnues dans plusieurs pays du monde. L’augmentation importante de l’incidence des TMS d’origine professionnelle est étroitement liée à l’évolution du travail. Dans les pays en voies de développement économique, notamment du Maghreb, les avantages fiscaux et le coût réduit de la main d’œuvre expliquent la délocalisation des industries manufacturières vers cette région du monde.
Il y a 40 ans, en Tunisie, la loi d’avril 1972 relative à l’encouragement d’investissement a fait de la Tunisie bien avant d’autres pays, une destination des mouvements de délocalisations.
Certes ce transfert de la technologie a créé un dynamisme économique dans le pays avec une stabilité sociale et politique. Cependant, depuis quelques années les pays du Maghreb ont constaté un accroissement rapide des maladies professionnelles et, entre autres, les TMS des membres supérieurs. L’augmentation importante de l’incidence des TMS d’origine professionnelle est étroitement liée à l’évolution du travail et aux facteurs organisationnels.
Les TMS, dont le nombre ne cesse de croître (135 cas en 1995, 1334 cas en 2017) représentent actuellement la première maladie professionnelle indemnisée en Tunisie. Ce phénomène est constaté malgré la sous-estimation des chiffres du fait d’une couverture insuffisante des entreprises par la médecine de travail, de la sous-déclaration des TMS par les personnes qui en sont affectées et de la sous-reconnaissance de leur origine professionnelle.
Par conséquent, différentes pistes préventives des TMS doivent être déployées en mobilisant tous les acteurs de la prévention des risques professionnels au moyen d’une politique structurée.
Si le phénomène est très présent au nord, il ne l’est pas moins au sud.
Ce congrès, dans sa quatrième édition, se propose de se délocaliser en Afrique Francophone. Il a pour objet de faire un état de lieu des TMS dans les pays émergents, en lien, notamment avec la délocalisation des entreprises multinationales.